1900 - 1914

BELLE EPOQUE

La danse, la tenue, le maintien l'hygiène & l'éducation, seul guide complet approuvé par l'Académie; renfermant 1.000 danses de tous les pays du monde pour salons, grands bals, sociétés, théâtre, concert, bals publics, province & étranger Par Eugène Giraudet [1900]

Question de Bousculade

Dans les grands bals donnés soit à l'Hôtel Continental ou au Grand Hôtel, etc., et où l'on se heurte en dansant, il serait insupportable de s'excuser chaque fois que le cas se présente ; on est bousculé, on bouscule sans mauvaise intention bien entendu, par conséquent, il faut être indulgent mutuellement, et attribuer ces petits incidents à la trop grande quantité de monde que contient la salle, en ayant soin pourtant, ceci s'adresse aux messieurs, de préserver le plus possible leurs danseuses.

Dans les soirées où la foule est moins intense, il serait impoli de ne pas s'excuser poliment, soit de vive voix, soit par un signe de tête qui indique que vous regrettez, surtout si c'est une dame que vous avez bousculée.

Toilettes de Bal

Quelle que soit la mode du jour et les modifications qu'elle apporte aux détails de la toilette, on peut poser en principe que les costumes de bal sont toujours composés comme il suit :

Pour les dames, la robe claire décolletée, laissant voir les épaules et les bras, des gants très montants et de petits souliers découverts. Elles tiennent à la main un éventail et sont munies d'un carnet de bal, généralement fait d'ivoire ou de nacre.

Beaucoup de dames préfèrent, et je suis de cet avis, à la robe franchement décolletée, les corsages légèrement ouverts en coeur ou en carré. Quelquefois même l'échancrure ou le haut des bras sont voilés de gaze ou de tulle.

Ces différents genres de toilette sont également bien reçus dans le monde.

Les messieurs sont en habit et gilet noirs, cravate blanche, pantalon noir et bottines vernies. Lorsque la culotte courte et les bas noirs remplacent le pantalon, on met des escarpins vernis, mais dans ce cas seulement ; ces chaussures ayant le désagrément de laisser apercevoir les chaussettes lorsqu'on les porte avec un pantalon.

On peut mettre le gilet blanc pour un bal, mais c'est une tenue de fantaisie beaucoup moins correcte que le costume noir.

Les gants blancs sont préférables à tous les autres ; si cependant on désire porter des gants teintés de crème ou de gris perle, on doit faire en sorte qu'il n'y ait pas à craindre que la chaleur des mains ne les fasse déteindre sur le corsage des danseuses.

En entrant dans un bal, les officiers quittent leur sabre et il serait à désirer que, dans cette circonstance ils ne portent pas les épaulettes, cela déparerait peut-être un peu leur tenue, je l'avoue, mais cela éviterait aux dames le désagrément de se heurter la figure en dansant, et elles leur en seraient reconnaissantes.

Lorsque des militaires sont invités à dîner ou à passer la soirée chez quelqu'un, ils laissent leur sabre ou leur épée dans l'antichambre.

Lorsqu'ils viennent simplement en visite, ils ne se débarrassent que s'ils en sont priés par le maître ou la maîtresse de la maison.

Les personnes qui ne savent pas danser sont fort embarrassées et semblent très gauches quand elles se trouvent dans le monde. Aussi doit-on toujours apprendre à danser sous peine de s'ennuyer au bal, et d'y gêner ceux qui s'y amusent.

thomas 1816

 

 

 

 

 

1908

 

Devoirs des Danseurs

L'organisation d'un bal, chacun le sait, entraîne des préparatifs assez compliqués. Mais ce n'est pas de ces préparatifs, obligation de la maîtresse de maison, que je désire entretenir mes lecteurs.
Les dames, les jeunes gens et les demoiselles ont, eux-mêmes, assez à s'observer afin de ne pas commettre d'infractions aux convenances; pour qu'un article soit exclusivement réservé à leurs devoirs respectifs.

Un jeune homme doit saluer une jeune fille avant de l'inviter à danser. La jeune fille qui n'aurait pas l'excuse d'une invitation précédente, commettrait une grave inconvenance si elle refusait de danser.
Le jeune homme qui désire inviter à danser s'avance, le claque replié à la main, il s'incline et prononce la formule consacrée : Me ferez-vous l'honneur, Mademoiselle, de m'accorder une valse?
Beaucoup de personnes disent à tort : Me ferez-vous le plaisir.... etc....

La personne à qui s'adresse l'invitation, incline la tête et tend son carnet de bal, sur lequel le danseur inscrit son nom en regard de la danse qui lui est accordée.

Aussitôt le tour de cette danse arrivé, le danseur revient un moment avant le commencement de la musique et salue la danseuse qui se lève et accepte son bras.

Une dame ou une demoiselle qui accepterait une danse, après l'avoir refusée à un autre danseur commettrait une grave impolitesse.
En pareil cas, toute danseuse bien élevée doit laisser passer la danse sans accepter d'autre invitation.

À moins qu'il n'existe des carnets de bal, les dames ne doivent pas accepter d'invitations anticipées.
Il est absolument contraire aux convenances d'abandonner sa danseuse, ou son danseur au cours d'une danse.
Une telle façon d'agir frise la grossièreté, aussi ne saurais-je trop recommander aux couples de ne se séparer qu'à la dernière mesure.

Dès que la danse est terminée, on reconduit la danseuse à sa place, on la remercie et on salue.
Il est fait exception à cette règle, qui impose aux couples de ne se séparer qu'à la fin de la danse, que dans le cas où un des danseurs se trouverait indisposé, ou encore si le danseur, par ses gestes ou ses manières, choquait sa danseuse.

Une femme n'est jamais embarrassée pour trouver un prétexte poli de se soustraire à quiconque lui déplaît.


Edmond Bourgeois, Traité pratique et théorique de la danse [1901]

Dans les danses tournantes, la valse, par exemple, le cavalier doit enlacer sa danseuse de son bras droit un peu au-dessus de la taille et soutenir de sa main gauche la main droite de la dame, le pouce en dessus et les bras peu arrondis.

La dame place sa main gauche sur l'épaule droite du cavalier.

La dame et le cavalier se regardent mutuellement l'épaule droite, ou dans la direction de cette épaule ; les épaules du danseur et de la danseuse ne doivent en aucune façon être effacées l'une par l'autre, c'est-à-dire que la distance qui sépare l'épaule gauche du cavalier de l'épaule droite de sa dame doit être égale à la distance qui sépare l'épaule droite du cavalier de l'épaule gauche de sa dame, sans pour cela être en face l'un de l'autre ; le cavalier et la dame doivent, au contraire, appuyer légèrement à gauche. Sous n'importe quel prétexte, le cavalier ne doit être en face de sa danseuse.

La dame ayant un éventail pour danser le tient de la main gauche et le met à l'abri derrière le bras droit du cavalier, de façon qu'il ne puisse gêner les autres couples.

Le cavalier doit tenir son claque de la main droite et derrière le dos de sa danseuse.


Traité pratique de la danse, donnant la technique détaillée, mise à la portée de tous, par A. Ajas , Paris [1910]

Maintien cavaliers


Invitation.
L’invitation à la danse est faite quelques instants avant le prélude de l’orchestre. Le cavalier qui sollicite une danse se place à un pas de distance de la dame qu’il invite, les talons réunis, les pointes en équerre, les jambes tendues, le corps bien d’aplomb ; il salue lentement et formule son invitation d’une façon extrêmement polie. S’il n’est pas agréé, il doit exprimer ses regrets en quelques mots et se retirer par des pas en arrière après un salut aussi correct que le premier.

S’il est accepté, il offre le bras droit à la dame et fait quelques pas avec elle, en se montrant enjoué, prévenant et en apportant une grande attention à marcher à la même cadence et au même pas que la dame qu’il accompagne, c'est-à-dire pied droit avec pied droit et pied gauche avec pied gauche.

La conversation est permise pendant la danse, mais elle ne doit pas dépasser les limites de la bienséance ni devenir trop intime.

Lorsque la danseuse se sent fatiguée ou manifeste le désir de regagner sa place, le cavalier abandonne la taille et offre de suite son bras ; il s’écarte des groupes qui dansent pour ne point les gêner dans leurs évolutions et reconduit sa partenaire à la place qu’elle occupait ; lorsqu’elle est assise, il salue correctement en remerciant et se retire par quelques pas à reculons.

Il va sans dire qu’il en est de même lorsque, l’orchestre ayant cessé de jouer, les danseurs regagnent leurs places.

L’usage veut que, en dehors des jeunes gens fiancés, un cavalier n’invite pas plus de deux ou trois fois la même personne au cours d’une soirée.

Oublier d’aller chercher une dame par laquelle on a été d’avance agréé pour une danse serait une grossièreté sans excuse.

Salut.
Pour saluer d’une façon correcte, les élèves devront bien se pénétrer de l’importance de ce geste dans les relations mondaines.

C’est dans le salut en effet que l’on peut placer, aussi bien, aussi éloquemment que dans le plus long discours, la mesure de tout le respect et de toute la considération que l’on a pour une personne.

Pour bien saluer, le cavalier se tenant d’aplomb sur les jambes, les talons réunis, les pieds en équerre, incline lentement, très lentement la tête, les yeux suivant le même mouvement ; puis, la tête se redresse et reprend son aplomb.

Après ce salut, il serait incorrect de se déplacer de côté ou de faire brusquement demi-tour ; le cavalier ne se retirera qu’après quelques pas en arrière, ne tournant le dos qu’à une certaine distance.

Dans le salut avec le chapeau claque, le cavalier au moment où il incline la tête, tient son chapeau de la main droite, le bras tombant d’un mouvement naturel le long du corps, la coiffe du chapeau tournée vers la jambe droite. Dans les bals costumés où les cavaliers portent le chapeau tricorne, pour saluer, le cavalier amène son chapeau en avant, à hauteur de la ceinture, en inclinant la tête et le haut du corps.

thomas 1816

 

 

 

 

 

1908

 


Maintien dames

Les dames, à leur entrée dans un salon, se présentent devant les maîtres de la maison et les saluent par une révérence. Ensuite elles gagnent un siège dans la partie du salon où se groupent les dames, tout en prenant contact, au passage, avec leurs amies.

Les pas de marche doivent être petits.
Chaque dame, arrivée à l’endroit qu’elle choisit, se place, par un demi-tour gracieux, devant son siège, drape habilement sa robe de la main droite, la ramène sur le côté, et s’assied sans précipitation.

Assise, les talons doivent être rapprochés, la main gauche posée naturellement sur la jambe gauche, le pouce s’appuyant par son extrémité sur la deuxième phalangette de l’index et les autres doigts à demi ployés, s’étageant à la suite. La main droite manie l’éventail ou, si la dame a cette main libre, elle la place gracieusement à la ceinture.

Veiller à se tenir bien droite, la poitrine saillante.

Invitation.
La dame peut, à son gré, accepter ou refuser une invitation ; mais, par égard pour les cavaliers qui sollicitent la faveur de danser avec elle, elle ne pourrait, sans occasionner une blessure d’amour-propre, accorder à un cavalier une danse qu’elle aurait refusée précédemment à un autre.
Il lui faut dans ce cas ou ne pas danser ou répondre aux demandes que toutes ses danses sont accordées.
Ayant accepté une invitation, la dame se lève, place l’extrémité des doigts de la main gauche sur l’avant-bras droit du cavalier et fait avec celui-ci quelques pas de promenade.

Si, au cours d’une danse, la dame se sent fatiguée ou étourdie, elle en informe son cavalier qui, la dégageant de la foule des danseurs, doit la reconduire à la place qu’elle occupait. Il en est de même lorsque la danse est terminée. Lorsque la dame est assise et que le cavalier l’a saluée, elle lui répond par une inclinaison de tête en avant.

Révérence.
La révérence se fait presque toujours en arrière ; c’est de toutes les révérences, la plus respectueuse.

La dame commence par « adresser » la révérence ; c’est-à-dire qu’elle porte son regard modestement sur la personne qu’elle va saluer. Puis, tenant le corps d’aplomb sur la jambe droite, la poitrine saillante, les épaules effacées et tombantes, la taille cambrée, elle fléchit légèrement sur les genoux en glissant un peu et doucement le pied gauche en arrière du droit, tandis que le haut du corps et la tête s’inclinent d’un mouvement lent. Les yeux s’abaissent en même temps que la tête ; le pied droit se rapproche du pied gauche, et le corps se redresse en reprenant son aplomb.

Le degré d’inclinaison du corps varie suivant le lieu où la révérence se produit.

La tête seule s’incline parfois ; mais, dans les danses anciennes, menuet ou gavotte, les dames doivent répondre aux saluts des cavaliers par la très grande révérence, qui est précédé d’un pas de côté.

Les élèves devront attacher une grande importance à ces révérences, qui sont indispensables dans les danses de salon ; elles devront s’exercer à les répéter plusieurs fois de suite tantôt sur un pied, tantôt sur l’autre, en ayant le souci de donner de la grâce aux mouvements du corps.

Notions générales


Position du couple dans les danses à deux
Le cavalier a un rôle double : il doit conduire la danseuse et se diriger en même temps. Si cette tâche peut paraître aisée dans les sauteries de famille, elle se complique lorsque le couple est appelé à tournoyer au milieu d’une assistance nombreuse, où il faut savoir s’élancer, ralentir, rétrograder, évoluer en tous sens.

Il incombe au cavalier de conduire sa danseuse avec grâce et de lui donner l’impression qu’elle est soutenue ; en outre, il doit éviter les chocs entre couples.

C’est pour arriver à ce double résultat qu’il est important de bien observer la position suivante.

Cavalier.
Placé environ à 15 centimètres de la dame, la poitrine devant l’épaule de celle-ci, les deux corps parallèles, le cavalier enveloppe la taille de sa danseuse avec le bras droit, la main posée à plat sur le dos à la hauteur de la ceinture, les doigts réunis, et suffisamment appuyés pour diriger la dame.

Dans cette position, le cavalier et la dame devront tourner la tête légèrement du côté gauche. La main gauche du cavalier tient la main droite de sa partenaire ; l’épaule gauche doit être nettement avancée.

Lorsque les nécessités de la circulation le commanderont, les bras, portés en avant, se raccourciront en se rapprochant du corps.

Dame.
Tandis que le bras droit de cavalier entoure la taille de la dame, celle-ci laisse reposer sa main gauche soit sur l’épaule, soit sur l’avant-bras droit de son danseur, suivant la différence de taille. La main droite est placée dans la main gauche du cavalier.
En observant l’intervalle de 15 centimètres environ entre les danseurs, ainsi que la position de l’épaule gauche en face de la poitrine du cavalier, le pied droit de la danseuse se trouvera placé entre les deux pieds du danseur et à 15 centimètres, en arrière bien entendu.

Observation. – Le couple étant formé, chacun des danseurs devra tourner le visage et le regard légèrement en dehors, c’est-à-dire à gauche pour la dame et à gauche également pour le cavalier. Danser visage contre visage est de très mauvais goût.

Les mains doivent être gantées.
Lorsque la dame a un éventail, elle le tient fermé de sa main gauche, derrière le bras droit du cavalier.

Tous les pas (et je ne saurais trop le recommander) doivent être, surtout de la part du cavalier, précédés d’un glissé qui évitera de poser le pied sur le pied de sa danseuse, ce qui se produirait infailliblement si le pied était « posé » comme cela se fait dans la marche.

Guide du bon danseur, par le professeur B.-G. Bottallo - Paris, 1912Tenue et Maintien

Danse, tenue et maintien, voilà trois idées essentiellement liées.

On n'est élégant et bon danseur, que si on a une bonne tenue et du maintien. Avoir une tenue distinguée, cela veut dire avoir le souci de se tenir, de soigner son extérieur, de bien se vêtir.

Le maintien c'est aussi la manière de tenir son corps, mais surtout la manière de composer ses traits. D'une personne qui tient mal son corps, par gaucherie, ou pour une autre raison, on dit : « Elle n'a pas de maintien. »

Hâtons-nous de dire qu'il ne faut pas confondre absolument, comme font certaines personnes, ces deux derniers termes avec éducation et savoir vivre, quand il s'agit de la danse. C'est cela et c'est bien davantage.

L'éducation et le savoir-vivre ne doivent pas s'apprendre exclusivement dans une école de danse; ce sont deux qualités qu'il faut déjà avoir, au moins si l'on vent parler au point de vue moral.

On comprendrait, à la rigueur, que le professeur donnât des conseils à ce point de vue à des enfants; mais tout le monde voit qu'il n'est pas du rôle du professeur de danse de faire la morale à des personnes qui sont quelquefois plus âgées que lui.
Même si on considère l'éducation au point de vue mondain, et si on distingue nettement l'éducation mondaine et l'éducation morale, il reste toujours difficile et pénible au professeur de rappeler ceux qu'il dirige, s'ils sont ses aînés, au respect de la bienséance et du bon ton.
S'il doit le faire, il le fera, mais ce sera à regret, car le professeur de danse enseigne et doit enseigner avant tout la danse; il doit supposer chez ses élèves l'éducation et le savoir-vivre; c'est sur ces deux qualités que la danse travaillera; elle a pour but de les affiner et de les porter à leur perfection.

S'il était permis de se servir ici d'une comparaison, voici ce qu'il faudrait dire : « L'éducation et le savoir-vivre sont la fleur en son épanouissement ; la tenue et le maintien en constituent véritablement le parfum. »

Quand il s'agit de la danse, ces mots : « tenue et maintien », signifient surtout la façon de composer sa personne et ses traits, la façon de tenir sa cavalière en dansant, la manière d'évoluer soi-même dans l'exécution d'une danse, ou de se tenir avec grâce à n'importe quel moment dans un salon.

Jamais le professeur de danse ne négligera de donner à ses élèves, dans la mesure de ses forces, les conseils nécessaires à l'acquisition de cette distinction suprême des bonnes manières, qui constitue l'homme bien élevé mais cependant quand il parle de tenue et maintien, c'est principalement au point de vue de la danse et dans le sens indiqué en dernier lieu qu'il entend ces mots et veut les faire entendre.

Devoirs des danseurs au bal

Que l'on soit dans un bal de société ou dans un bal privé, les danseurs doivent faire danser toutes les demoiselles sans témoigner aucune préférence : les règles du savoir-vivre l'exigent absolument.

Dans un bal public où l'on va en comité, ceci n'est plus de règle, car l'on danse entre amis. On s'abstient, si l'on ne se sait pas très bon danseur, de faire des invitations à des personnes qu'on ne connaît point ;ces invitations seraient peut-être accueillies par un refus et amèneraient aussi un affront ; inutile donc de s'y exposer.

Les danseurs ne doivent offrir à leur cavalière de la conduire au buffet que s'ils se trouvent dans des bals et des fêtes privées, où les consommations sont gratuites; et encore leur faut-il pour cela le consentement de la maman ou de la personne qui la remplace.

Dans les bals de société et les bals publics, il y a des circonstances où un danseur peut offrir des rafraîchissements à sa cavalière, par exemple, si la danseuse se trouve indisposée par la chaleur ; dans un pareil cas, le devoir du cavalier est de se mettre à la disposition de la maman qui jugera si elle doit accepter ou refuser son offre ; ajoutons toutefois qu'il se gardera bien d'être importun.

Toujours les danseurs doivent danser et se tenir d'une façon correcte, n'avoir sur les lèvres que des propos bienséants. Sans cela, non seulement ils passeraient pour des personnages grossiers, mais encore ils risqueraient de se faire chasser de lendroit où ils se trouvent, ce qui est toujours pénible pour tout le monde.

 

Toilette pour un bal ou une cérémonie

I. – Soirée et grand Bal

Il faut être en tenue pour assister à une soirée on à un grand bal.
La tenue de soirée ou tenue pour un bal comporte pour un jeune homme le smoking, et pour un adulte l'habit ; avec le smoking on met des gants couleur mastic ou d'une teinte claire mais non des gants blancs, la cravate noire et l'escarpin. Avec l'habit et pour le bal il faut. l'escarpin, la cravate blanche et les gants blancs (à une noce, à moins d'être le marié, on doit avoir des gants crème).

Les dames aux soirées et aux grands bals en grande toilette. La toilette de bal pour les dames doit être décolletée ; la toilette de soirée peut être décolletée, mais alors légèrement, ou même pas du tout, selon les circonstances.

La toilette des jeunes filles ne doit être décolletée en aucune circonstance, mais elle doit être d'étoffe légère et d'une teinte claire.

Maintien

Au bal, en dansant, on ne doit tenir la dame que par la taille ; cette dernière doit poser la main dans celle du cavalier, et non pas le poignet. Ceci dénoterait une détestable éducation ! On ne doit pas tenir les bras trop tendus, de façon à gêner les autres danseurs.

La dame doit avoir la tête tournée sur le côté droit du cavalier, celle du cavalier faisant face à l'épaule droite de sa cavalière.

Quant à la conversation, elle doit être correcte. Sous aucun prétexte le danseur ne doit quitter sa danseuse pendant la durée d'une danse, et réciproquement. Lorsque l'on a invité une dame il ne faut pas oublier d'aller la chercher. Cette dernière doit se souvenir qu'elle a été invitée ; elle attendra son danseur et n'acceptera pas d'autre invitation, pour la danse qu'elle a promise. Autrement, elle infligerait un affront à qui l'avait invitée tout d'abord.

L'Éventail
Cet élégant objet joue un grand rôle dans la vie mondaine sur laquelle je m'étendrai davantage en temps et lieu ; je me bornerai ici à dire qu'une dame doit se servir de l'éventail d'une façon discrète et avec grâce, mais ne pas en faire un objet de moquerie, en le tenant constamment devant son visage pour rire et chuchoter.

Les Quatre manières d'inviter à danser
Il y a quatre manières d'inviter à danser : l'invitation verbale, l'invitation par carnet de bal, l'invitation par présentation, l'invitation muette.

L'Invitation verbale
Cette invitation se fait lorsqu'il n'y a pas de carnet de bal, surtout dans les fêtes privées, et juste au moment où l'orchestre joue l'introduction. Voici comment doit se comporter le danseur qui invite :

1° Il s'arrête à un pas de distance de la personne qu'il a choisie; il la salue d'abord, (voir fig. 7) et lui fait l'invitation en lui parlant à la deuxième ou à la troisième personne, selon le milieu où il se trouve et en disant :
« Madame, ou mademoiselle, voulez-vous m'honorer de cette valse ? » ou bien encore à la troisième personne : «  Madame, ou mademoiselle, veut-elle m'accorder ce boston ? » Qu'on emploie la deuxième ou la troisième personne, on peut toujours se servir des expressions «  m'accorder, me faire l'honneur d'accepter, m'honorer de... » ;

2° Si la personne accepte, elle met la main dans celle que lui tend le cavalier pour l'aider à se lever (voir fig. 8) ;

3° Il lui présente ensuite le bras droit que le cavalière prend de son bras gauche ; ils font tous deux quelques pas de promenade jusqu'à la fin de l'introduction (voir fig. 9) ;

4° Le cavalier quitte le bras de sa danseuse, fait un pas en arrière pour la saluer, et attaque la danse (voir fig. 10). La danse finie, il fait de nouveau un pas en arrière et salue en disant : «  Merci, madame ou mademoiselle » (voir fig. 10), lui présente le bras droit et la reconduit à sa place. Il fait encore un pas en arrière, dit pour la deuxième fois : « Merci, madame ou mademoiselle » en s'inclinant. S'il a invité une demoiselle, le danseur adresse un léger salut à la maman, fait demi-tour et retourne à sa place.

E

L'Invitation par le carnet de bal
L'invitation par carnet de bal se fait à l'avance; le danseur se présente de la même façon que pour l'invitation verbale ; il demande à la personne qu'il invite la permission de s'inscrire pour une danse sur son carnet, ou encore de choisir une danse sur son carnet.

Cette personne si elle est plus jeune que celui qui l'invite, doit se lever par déférence et tendre son carnet. Le danseur doit demander à la personne qu'il invite si la danse qu'il choisit lui plait. Cela est très utile, car beaucoup de personnes n'aiment pas certaines danses, ou bien elles ne les connaissent pas ; c'est pour elles alors une bien plus grande raison de ne pas les accepter.

D'ailleurs une personne bien élevée n'acceptera jamais une danse qu'elle ne connaît pas, pour ne pas infliger une corvée pénible à son danseur : celui-ci s'empresserait de ne pas revenir et empêcherait peut-être les autres danseurs de faire à cette personne une nouvelle invitation.

Il faut faire observer, à ce propos, que si beaucoup de danseurs n'aiment pas la danse, la faute en est quelquefois aux demoiselles qui vont au bal et acceptent de danser quand elles ne savent pas.
S'il y a toujours plus de dames que de messieurs au bal, et si les dames font parfois « tapisserie » la faute n'incombe peut-être qu'a elles-mêmes ; l'on croit si facilement avoir appris à danser de nos jours ! Les dames doivent faciliter la tâche des danseurs, au lieu de la leur rendre plus difficile ; si elles savent très bien danser, les messieurs auront plaisir à les inviter, et celles-ci ne feront plus « banquette ».

Par le carnet de bal, on peut inviter d'avance pour toute la première partie du bal, mais il ne faut pas inviter pendant la première partie pour la seconde.
On fera attention de ne pas se tromper de dame, lorsqu'on aura invité plusieurs cavalières à l'avance.
Aussi sera-t-il utile d'avoir un carnet où on placera une remarque sur chacune des personnes invitées.

En aucun cas, les danseuses ne peuvent s'inscrire elles-mêmes sur le carnet des danseurs.

L'Invitation par présentation
L'invitation par présentation n'est plus guère en usage de nos jours.
Ne vouloir danser qu'avec les personnes qui vous ont été présentées, cela équivaudrait à douter de l'honorabilité de ceux qui vous invitent à un bal.

À l'heure actuelle il faut vous abstenir d'aller au bal, ou si vous y allez et que vous ne vouliez danser qu'avec ceux qui vous sont présentés, vous risquez fort de ne pas danser du tout.

Toutefois, si une personne vous a été présentée pour que vous la fassiez danser, vous ne pouvez moins faire que de danser avec elle.

L'Invitation muette
L'invitation muette est devenue la plus générale et la plus mondaine.
Les messieurs trouvent fatigant d'être obligés de faire tout un discours pour inviter à une danse. Nous agissons maintenant d'une façon un peu plus cavalière. Malheureusement nous ne sommes plus au temps des belles phrases et des belles révérences ; les dames d'ailleurs elles-mêmes ne veulent plus en faire, et la mode les en empêche.

Pour l'invitation muette, le danseur se présente devant la personne qu'il veut faire danser comme pour l'invitation verbale ; il la salue, l'aide à se lever, lui présente le bras droit. Tous deux se promènent ensemble, et ils n'ont pas à parler d'invitation (voir fig. 7, 8, 9, 10 plus haut).

Remarquons que cela se fait aussi après l'invitation par le carnet de bal. Comme cette invitation se fait longtemps à l'avance, lorsqu'on va chercher sa danseuse, l'on n'a plus rien à dire sur ce sujet ; on peut, à la rigueur, lui demander si c'est bien elle qu'on a invitée pour la danse qui va commencer.

Direction que doivent suivre les danseurs pendant la danse

Pour que tout le monde puisse danser dans un salon, il faut que tous les danseurs suivent la même direction, comme l'indique le graphique ci-dessous. Dans le cas contraire on arriverait à une confusion complète et personne ne pourrait danser.

A

Que le pivot soit à droite ou à gauche, la direction à suivre reste toujours la même, comme l'indique le graphique ci-dessous pour la valse à droite et à gauche. Lorsque nous valsons à droite, nous faisons l'action de visser, et quand nous valsons à gauche, celle de dévisser.

B

Les Saluts et révérences

Pour abréger ma théorie dans les pages qui vont suivre, je dirai à mes lecteurs que toutes les fois qu'il sera question de salut et révérence, ils sont priés de se reporter aux figure 11 et 12 et au graphique qui suit: pour le salut et révérence simple (fig. 11), et pour les grands saluts et révérences (fig. 12).

C

Les saluts et révérences se font sur deux, trois et quatre temps ; l'exécution en est plus brève sur deux temps que sur quatre; mais les mouvements restent les mêmes.

Le salut n'est fait que par le cavalier, c'est la dame qui fait la révérence.
On peut saluer en faisant un pas en arrière ou bien un pas en avant selon les circonstances.

Si le salut est fait sur quatre temps, l'exécution se fait comme il suit :

Ier temps : Faire un pas en arrière.
2e temps : Assembler le pied contraire, c'est-à-dire réunir les deux talons.
3e temps: S'incliner avec les mains devant soi (voir fig. 11) puis se redresser au quatrième temps.

Pour la révérence, il faut prendre de chaque main la robe sur le côté, puis :
1er temps : Glisser le pied droit en arrière légèrement croisé.
2e temps : Fléchir sur le genou droit, la jambe gauche tendue en avant.
3e temps : Incliner légèrement la tête, en regardant la pointe du pied gauche.
4e temps : Rapprocher le talon droit au talon gauche.

Si la dame a une jupe à traîne, elle devra la soulever de façon à ce qu'elle puisse voir la pointe de ses pieds ; si la jupe est trotteuse, elle aura à la pincer légèrement.

Pour les grands saluts et les révérences, les mouvements doivent être plus accentués (voir fig. 12).

Le cavalier fait un salut du genre de la révérence de la dame en glissant le pied droit en arrière ; en fléchissant et en rapprochant le pied gauche du pied droit, quand il se redresse.

D

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