GENERALITES

La reconstitution du costume, appuyée sur des documents bien tangibles, est une chose relativement aisée ; celle des manières et des codes d'une époque passée, parce que constitués de centaines de particularités qui n'ont pas laissé de traces, est plus difficile à réaliser


Le but de l'association Carnet de bal est de reconstituer les soirées dansantes du XIXe siècle. Plusieurs éléments entrent en compte dans cette démarche, et principalement :

- La danse elle-même et la musique qui l'accompagne

- Le costume

- Le maintien et les manières

Les lignes qui suivent rassemblent quelques conseils concernant le costume et le maintien. Il s'agit, bien entendu, de conseils et non d'injonctions, chacun pouvant s'en inspirer dans la mesure de ses possibilités.

Si nous avons évidemment beaucoup plus d'informations sur le XIXe siècle - période somme toute pas si lointaine -, que nous n'en avons pour des périodes plus anciennes, il serait illusoire de penser qu'une telle entreprise est facile, et même réellement possible ; notre connaissance du passé est à la fois trop fragmentaire et trop globale, trop de détails des habitudes de la vie quotidienne nous échappent complètement, pour qu'il en soit autrement.

Une reconstitution totale entraînerait une connaissance parfaite des usages qui régissaient les rapports entre hommes et femmes, la maîtrise d'un langage révolu, l'utilisation d'un orchestre ou d'un pianiste rompus aux exigences de la musique à danser, sans parler de l'éclairage aux bougies ou au gaz !

Ces considérations n'ont pour but que de montrer les limites de toute démarche de reconstitution du passé ; elles n'empêchent évidemment nullement de s'y essayer et de tâcher de se rapprocher au plus près d'un idéal.


Vous trouverez en cliquant dans les vignettes ci-dessous des références (textes, gravures, photos) historiques concernant les bals, les costumes, la toilette et le maintien.


1800 - 1814

Consultat et Empire


1815 - 1829

Restauration


1830 - 1848

Epoque
Louis-Philippe


1848 - 1870

IIème République et Second Empire


1870 - 1890

IIIème République


1890 - 1914

Belle Epoque

 

LE COSTUME


L'aspect le plus extérieur du costume est ce qu'il est le plus facile d'appréhender ; suffisamment de tableaux, d'illustrations, de gravures de mode ou même de costumes anciens préservés, nous permettent d'avoir une très bonne connaissance théorique de l'évolution des modes ; reste à y porter un regard qui soit le moins possible influencé par notre époque.

Première règle à méditer : un costume n'est pas un déguisement ; le premier tend à se rapprocher au plus près d'un modèle historique alors que le second peut l'interpréter d'une manière très fantaisiste.
Il convient de ne pas mélanger les genres : une soirée de Carnet de Bals n'est pas une soirée du carnaval de Venise, et les tenues aux formes exagérées, aux couleurs criardes, taillées dans des tissus de fantaisie ne peuvent convenir à notre propos.

Il ne s'agit évidemment pas d'imposer le choix de coûteuses soieries lyonnaises pour toutes les tenues, mais d'essayer de trouver de justes compromis menant à un résultat plausible.

Les accessoires qui accompagnent le costume revêtent une extrême importance ; c'est eux - dessous, coiffure, chaussures, gants, éventails, etc. - qui donnent à la silhouette son cachet d'authenticité.

Une robe, aussi belle soit-elle, portée sans corset ni jupon ne fera évidemment pas le même effet que si elle est accompagnée de ces accessoires, jugés indispensables en leur temps.

Le port du corset, s'il ne peut être imposé aux membres de l'association, reste donc une nécessité pour qui souhaite obtenir un résultat satisfaisant ; le port de jupons, quant à lui, en amortissant les angles des cerceaux qui forment la crinoline, évitera à la robe de ressembler à un abat-jour.

La culotte longue portée sous les jupons est aussi un détail non négligeable qui évite de montrer ses jambes lorsque la jupe est soulevée par une valse ou une polka endiablées !

La coiffure est également un élément important de la tenue ; une jolie robe 1860 accompagnée d'un coiffure 1950 perd évidemment une grande partie de son caractère ; il convient donc, sans nécessairement faire appel à un coiffeur historiciste, de composer une coiffure conforme à l'époque évoquée par la tenue.

Les bijoux qui complètent cette tenue doivent également être en accord avec celle-ci ; les parures aux énormes pierres rutilantes, ostensiblement fausses, sont à proscrire, de même que les diadèmes style Miss France, qui évoquent une fois de plus le carnaval.

Le port des gants est une obligation absolue. Il convient de se reporter aux documents anciens pour savoir, suivant les époques, quel type de gant adopter ; pour simplifier, on passe de gants plutôt longs au début du XIXe siècle, aux gants plutôt courts au milieu du siècle, pour redevenir aux gants longs à la fin du siècle.

Certains accessoires étaient d'un usage quasiment obligé tout au long du siècle, comme l'éventail, tandis que d'autres, comme le bouquet, relevaient de modes plus éphémères.

Éviter enfin les anachronismes les plus choquants : le bracelet montre, par exemple, ou pis encore, les lunettes modernes qui sont absolument à proscrire, car elles détruisent tout l'effet d'une tenue, aussi recherchée soit-elle. Si on ne peut vraiment pas s'en passer, essayer alors de les remplacer par des lunettes à montures anciennes, ou par un face à main ou une lorgnette.

Si beaucoup de dames font de remarquables efforts pour se confectionner des robes en tous points conformes aux modèles historiques, il faut noter que la plupart des cavaliers se contentent quant à eux d'une commode approximation, le frac standard, style chef d'orchestre, tenant lieu de tenue de bal de 1800 à 1914.

Bien entendu, il ne s'agit pas ici d'imposer un costume différent pour chaque décennie, mais quelques détails significatifs - la culotte et les bas remplaçant à l'occasion le pantalon, une cravate un peu élaborée en place du simple nœud en piqué, un gilet bien choisi - peuvent améliorer sensiblement l'aspect général de la tenue et lui assurer un cachet plus historique.

Là aussi, il convient de se reporter aux documents d'époque pour essayer de saisir les nuances qui modifiaient de saison en saison l'allure générale de la tenue masculine.

L'uniforme, militaire ou civil, peut être une heureuse alternative au sempiternel frac. Il faut alors être attentif à ne pas commettre d'erreurs chronologiques en arborant, par exemple, un uniforme 1900 dans un bal Second Empire ; de même qu'il faut éviter les uniformes de fantaisie et les décorations, cordons et autres médailles de pure invention, qui évoquent plus le carnaval ou l'opérette qu'un bal historique.

La coiffure et le système pileux sont aussi des accessoires non négligeables ; un cavalier a toujours le loisir de se laisser pousser favoris, barbe ou moustache pour assurer à son chef une physionomie d'époque ; il peut aussi se contenter de postiches, mais doit alors préférer les postiches professionnels aux produits destinés aux déguisements carnavalesques.

Pour les messieurs comme pour les dames, le port des gants est une obligation absolue, et ils n'ont, pas plus que les dames, droit aux lunettes modernes !

LE MAINTIEN

La reconstitution du costume, appuyée sur des documents bien tangibles, est une chose relativement aisée ; celle des manières et des codes d'une époque passée, parce que constitués de centaines de particularités qui n'ont pas laissé de traces, est plus difficile à réaliser ; pourtant, de même que les danses d'une époque donnée retrouvent tout leur charme lorsqu'elles se font dans la tenue qui les a vu naître, de même, le port d'un costume ancien ne prend tout son sens que s'il est assorti d'un comportement adéquat.

Il ne s'agit évidemment pas de s'astreindre laborieusement à reproduire dans leurs moindres détails des comportements et une étiquette qui n'ont plus aucun sens pour nous ; nos réunions dansantes sont faites pour que les gens du XXIe siècle que nous sommes y trouvent du plaisir, et il ne faut surtout pas qu'elles deviennent un pensum.

Ceci étant dit, en s'inspirant des manuels de savoir vivre du passé, et en faisant appel au bon sens - et peut-être aussi un peu au sens de l'humour -, on peut se plier à quelques règles de comportement rappelant celles qui étaient de rigueur dans les salons d'autrefois, de façon à recréer une harmonieuse synthèse danse-costume-manières, propice à évoquer l'atmosphère d'un bal du XIXe siècle.

Tous les manuels anciens insistent, par exemple, sur le fait qu'il est inconvenant pour un cavalier d'inviter plus de deux fois une dame au cours de la même soirée. Il est évident que la simplification des rapports entre hommes et femmes, propre à notre temps, a rendu parfaitement caduque une telle règle.

Il est vrai aussi que le manque de cavaliers, inhérent à toute réunion dansante, contraint nombre de dames à faire, contre leur gré, tapisserie. Que les cavaliers s'obligent à inviter le plus de dames possible pour éviter cet inconvénient répond donc aussi bien aux exigences du bon ton à l'ancienne qu'à la courtoisie la plus moderne.

Un autre point toujours minutieusement traité par les manuels de savoir vivre est celui de l'invitation à danser. Sans parler des jeunes filles, toujours étroitement surveillées, on peut rappeler qu'une dame ne pouvait circuler non accompagnée dans un salon et qu'elle devait attendre à sa place qu'un cavalier vînt l'inviter ; que le cavalier se devait de prononcer quelque phrase stéréotypée - Madame me fera-t-elle l'honneur d'accepter…, etc. - tout en saluant ; que la dame devait accepter - ou refuser - l'invitation, en prononçant également quelque phrase toute faite ; que si elle refusait, elle devait le faire avec tact, et ne pas accepter une autre invitation pour la danse qu'elle venait de décliner, etc.

Toutes ces règles doivent évidemment être accommodées à nos habitudes : une dame aujourd'hui peut circuler à sa guise, sans rendre compte de ses mouvements à qui que ce soit. Pourtant accepter l'invitation d'un cavalier alors qu'on vient de refuser un autre cavalier pour la même danse reste aussi discourtois aujourd'hui qu'autrefois. Faire un petit salut en invitant une dame, la raccompagner à l'endroit où elle était assise, de tels détails, s'ils ne sont plus ressentis de nos jours comme des obligations, peuvent néanmoins être appliqués sans raideur et contribuent alors grandement à restituer l'atmosphère d'un bal d'autrefois.

Pour résumer, on peut dire que les plus élémentaires des règles de la courtoisie, assorties de quelques détails de comportement empruntés aux manuels anciens, suffisent à assurer un caractère distinctif à nos réunions et à restituer une ambiance ; s'appliquer à respecter ces quelques règles en toutes occasions, à commencer durant les cours et les stages d'apprentissage, en sorte qu'elles acquièrent le naturel des automatismes, peut grandement contribuer à l'accomplissement du but que nous recherchons.

Les textes et les images qui suivent sont destinés à fournir des indications et des repères aux membres de l'association.

Les textes sont tirés aussi bien de traités de danse, de manuels de savoir-vivre que de mémoires du temps ou d'articles de journaux.
On y trouvera donc des informations précises sur les usages et les manières du bon ton, mais aussi des descriptions évoquant le déroulement ou l'atmosphère d'un bal, qu'il soit officiel ou privé.

Les images, classées par ordre chronologique, mélangent gravures de mode, peintures ou estampes montrant des soirées dansantes et photographies de costumes conservés dans des musées.

Elles sont destinées à servir de modèle ou de source d'inspiration pour la réalisation de costumes.