1815 - 1829

RESTAURATION

25 ans à Paris. Journal du comte Rodolphe Apponyi, attaché de l’ambassade d’Autriche-Hongrie à Paris [4 volumes], Paris, 1913-1926. Volume I, 1826-1830

thomas 1816

 

 

 

vers 1822

Corset homme

1er février 1827
Depuis une semaine entière, je ne fais que danser et dormir, et presque toujours à la cour. Mme la duchesse de Berry aime beaucoup la danse et comme, depuis l’assassinat du duc de Berry, elle ne peut aller à aucun bal, excepté à ceux qu’on donne aux Tuileries, et elle en donne au château ; mardi dernier, elle en a donné un dans son propre appartement, où le roi assistait.

Il y avait une foule immense. Le roi et toute la cour étant arrivés, on a fait un cercle de quelques minutes ; puis, on s’est groupé pour voir danser le quadrille de Mme la duchesse de Berry qu’elle avait arrangé avec onze autres dames ; six étaient habillées en rose et les autres en blanc, avec des écharpes écossaises ; l’ensemble était fort joli. Gardel l’a composé et dirigé.

Après cette danse et un petit intervalle, le maître de danse a fait jouer la contredanse d’étiquette. Le duc de Chartres l’a dansée avec Mme la duchesse de Berry et la princesse Louis d’Orléans et moi leur avons fait vis-à-vis ; tout cela était fort raide et embarrassant. Tout le monde nous regardait et en effet, c’était bien drôle de voir danser deux hussards à la cour de France : le duc de Chartres porte l’uniforme du régiment de son père.

J’ai encore une autre satisfaction qui m’a fait, je l’avoue, grand plaisir ; c’est d’avoir introduit le cotillon aux bals de la cour de France. Jusqu’à ce jour, on avait des préjugés contre cette danse : on la trouvait indécente. Mme la duchesse de Berry m’a ordonné de diriger ce cotillon ; elle a fait la spectatrice et à six heures du matin, à la fin du bal, elle m’a dit des choses les plus flatteuses.
Le lendemain, le duc d’Orléans nous a donné une fête vraiment magnifique. Elle a commencé par un bal d’enfants, qui a duré jusqu’à dix heures et après lequel ils ont soupé au nombre de cinq cents. Après cela, la duchesse de Berry a dansé le quadrille avec ses onze dames, puis le bal de grandes personnes a commencé à deux heures.

thomas 1816

 

 

 

 

1818

Lecomte

Mercredi des cendres 1827 (28 février)

Me voici, depuis quinze jours, dansant tous les jours jusqu’à cinq heures du matin. Le bal aux Tuileries a été délicieux et n’a fini qu’à environ six heures. Mme la duchesse de Berry m’a ordonné de diriger une galoppe ; cette danse a eu tant de succès, que la princesse a fait demander une répétition avec des figures de cotillon. On a beaucoup valsé, on a dansé la Boulangère, le Grand-Père et la Galoppade ; puis une Écossaise, le Carillon de Dunkerque et enfin le cotillon. Mme la duchesse de Berry a été d’une gaieté extraordinaire.

thomas 1816

 

 

 

vers 1820

Chaîne Anglaise

Dieppe, 10 août 1829

Au cercle d’hier, il était beaucoup question du bal à la salle du spectacle que la ville donnera pour Madame la Dauphine. Dans ces sortes d’occasions, il y a un drôle d’usage en France dans les villes de province. Le maire, qui fait la liste du bal, arrange aussi trois contredanses de cérémonie composées de quatre couples chacune. C’est lui aussi qui nomme les personnes appelées à y figurer et ordinairement ce sont les autorités, femmes et hommes de la ville, qui doivent danser avec les étrangers et étrangères de distinction.

– Vous danserez probablement, comme première puissance, avec la fille du maire, me disait la princesse de Béthune.

– Non, maman, interrompit sa fille, ce sera avec la sous-préfète que le comte dansera, car elle a le rang avant la fille du maire.

thomas 1816

 

 

 

1818

Chalon

27 février 1830

Il y a plusieurs dames et jeunes cavaliers même, qui sont malades jusqu’à garder le lit, des suites d’un cotillon que j’ai dirigé dimanche gras chez Mme la duchesse de Berry. Les courtisans qui ne sont plus dans l’âge de pouvoir me suivre à ces exercices et qui cependant ne veulent pas manquer une occasion d’être agréable à Madame, désirent bien souvent m’envoyer à tous les diables.

Pour être bon courtisan à la cour de France, il faut avant tout avoir de bonnes jambes. Le pauvre Pierre d’Arenberg a tous les membres rompus ; il est tout éreinté par suite de ce fameux cotillon.

Au spectacle, à la cour, comme notre loge touche à celle du roi, Madame, en entrant, me demanda si je vivais encore.

– Certainement, madame, et si bien que je suis prêt à recommencer aujourd’hui. Si Votre Altesse Royale, continuai-je, se trouvait en force demain, elle devrait donner un bal dans ses appartements, ou bien dans ceux du premier gentilhomme de la chambre du roi.

– Je vous avoue que je me sens fatiguée.

– Si vous aviez vu Madame ce matin, me dit la duchesse de Regio, vous ne lui feriez pas une pareille proposition.

thomas 1816

thomas 1816

thomas 1816

thomas 1816

29 mai 1830

Le bal de la duchesse de Berry a parfaitement bien réussi ; ce fut une fête superbe. J’ai dirigé, comme à l’ordinaire, la dernière danse avec Madame. Nous avons commencé par un galop avec des figures de cotillon ; puis, je proposai à la duchesse le cotillon même, ce qu’elle accepta avec plaisir et, pour finir, nous avons fait danser le grand’père ; tout cela a duré une heure et demie. Il faisait grand jour et je crois que nous aurions dansé jusqu’à midi si, le même soir, il n’y avait pas eu jeu à la cour.

thomas 1816

 

 

 

vers 1828

Coiffures



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