1848 - 1870

IIeme REPUBLIQUE ET SECOND EMPIRE

Baron de Mortemart-Boisse, La Vie élégante à Paris, Paris, 1857
Première partie, De l’élégance personnelle - Chapitre III, Des gants

Les gants sont le complément obligé de tous les costumes ; je ne puis donc me dispenser de vous en parler.
Nous avons aujourd’hui les mitaines, les gants de peau, de tricot, de soie, de filet, de batiste, de fil d’Écosse et de coton.

Pour votre règle, apprenez que les gens du monde doivent porter le jour des gants de daim, de castor ou de chevreau, de diverses nuances, et le soir des gants paille pour le salon ou pour le théâtre.

D’Orsay établissait ceci, à Londres, en 1839 :

Un gentilhomme de la fashion anglaise doit employer six paires de gants par jour.
Le matin, pour conduire le briska de chasse : gants de peau de renne.
À la chasse, pour courir le renard : gants de peau de chamois.
Pour rentrer à Londres en tilbury : gants de castor.
Pour aller, plus tard, se promener à Hyde-Park : gants de chevreau de couleur.
Pour aller dîner : gants jaunes en peau de chien.
Pour le soir, le bal ou le raout : gants en cannepin blanc brodés en soie.

thomas 1816

 

 

 

 

 

 

Dignitaires

1852

 

thomas 1816

 

 

 

 

Officiers

1852

 

Troisième partie, De l’élégance dans le monde
Chapitre VIII, Les grandes assemblées (concerts, bals raouts)

Occupons-nous du bal. Lorsque vous conduisez la femme que vous avez invitée pour la contredanse, la valse ou les lanciers, vous lui offrez votre bras.

S’il y a un buffet ou un souper, vous lui donnez également le bras et restez derrière elle pour la servir, si elle a besoin de votre aide.
Si c’est une jeune personne, vous ne pouvez la conduire au buffet ; vous devez la reconduire à la place où vous l’avez priée à danser.
Si sa mère, sa tante ou son chaperon témoignent ce désir, vous donnez le bras à la personne âgée, et la jeune personne se place près d’elle.

Lorsque vous faites votre invitation, n’oubliez pas la vraie formule : « Madame (ou Mademoiselle), voulez-vous me faire l’honneur de danser avec moi la première contredanse ? » Vous ne devez jamais dire le plaisir.

Dans les danses déjà connues, ou dans celles que la mode peut amener, ne rapprochez pas votre danseuse de votre poitrine ; vous devez la tenir avec convenance, avec une sorte de respect. C’est seulement dans certains bals que nous n’avons pas besoin de nommer, que les deux corps se rapprochent sans respect comme sans scrupule.

Ne demandez point à vos danseuses de garder leur mouchoir, leur éventail, leur bouquet ou leur flacon. Vous seriez même dans la plus grande intimité qu’il faudrait l’éviter. Cette familiarité est toujours remarquée, et vous feriez tort à la femme qui étourdiment aurait accepté cette sorte de prévenance.
Par la même raison, ne parlez pas bas à votre danseuse ; car si elle a de l’usage, elle vous répondra très-haut pour faire connaître qu’elle n’accepte pas les secrètes confidences.

Je n’ai sans doute pas besoin de vous prémunir contre les impertinences, vous n’en ferez pas. Vous savez qu’il faut vous garder de jeter à l’oreille de votre danseuse un mot à double sens, et que vous ne devez pas prendre le prétexte d’un hommage mérité ou non, pour faire l’éloge de ses charmes.
Aucunes paroles inconvenantes ne sont tolérées dans les repos de la danse ou dans la conversation qui la suit ou la précède.

Si vous reconduisez une femme jusqu’à sa voiture à la sortie du bal, offrez-lui votre bras, pour l’aider à monter. Évitez de toucher le nu des bras, que les manches d’aujourd’hui laissent souvent à découvert.

thomas 1816

 

 

 

 

1857

Quadrille des Lanciers

 

Bal du 23 août 1855 à l’Hôtel de Ville (réception de la reine Victoria)

Le moniteur universel, 24 août 1855
À dix heures, l’empereur a ouvert le bal avec S.M. la reine d’Angleterre ; S.A.R. le prince Albert, avec S.A.I. la princesse Mathilde ; S.A.I. le prince Napoléon, avec Lady Cowley ; S.A.R. le prince Adalbert de Bavière, avec Mme Haussmann.
Après le quadrille, Leurs Majestés ont parcouru les salons de l’Hôtel de Ville.
Trois orchestres dont le principal était dirigé par Isaac Strauss, ont exécuté des valses et des quadrilles nouveaux, dont la plupart avaient été composés tout exprès en l’honneur de la reine d’Angleterre.
Leurs Majestés se sont retirées vers onze heures et demie. Après leur départ, la fête s’est prolongée jusqu’au matin.

Journal de la Reine Victoria.
On dansa un quadrille de quatre couples seulement : l’empereur et moi, avec Albert et la princesse Mathilde, et, en face, le prince Napoléon et Madame Haussmann, le prince Adalbert et Lady Cowley. Après cela, on dansa une valse.

Germain Bapst, Le maréchal Canrobert, souvenirs d’un siècle (6 vol.), Paris, 1899-1913.
Le bal s’ouvrit par un quadrille : la reine dansait avec l’empereur.
Tous nous faisions cercle pour voir le quadrille impérial et royal. Je donnais le bras à la charmante princesse de Beauvau.

Dès que le quadrille commença, elle regarda attentivement, en experte.
Oh ! me dit-elle, la reine fait toutes les figures sans manquer un pas. Nous autres, à Paris, nous marchons simplement, avec nonchalance, escamotant tous les détails de la contredanse. C’est le suprême bon ton. La reine, elle, danse consciencieusement. 

thomas 1816

 

 

 

 

Cours

1853

 

Bal du 16 juin 1856 à l’Hôtel de Ville

Fêtes et cérémonies à l’occasion de la naissance et du baptême de son altesse le prince impérial

Le surlendemain, 16 juin, eut lieu à l’Hôtel de Ville le grand bal que l’empereur et l’impératrice devaient honorer de leur présence.

Leurs majestés se rendirent vers dix heures et demie à l’Hôtel de Ville où les attendaient plus de huit mille invités.

Elles étaient accompagnées de S.A.R. et I. la grande-duchesse de Bade, de S.A.R.  le prince Oscar de Suède et de Norvège, de LL. AA. la princesse Lucien Bonaparte, le prince et la princesse Joachim Murat, de S.A. grand-ducale la princesse Marie, duchesse d’Hamilton, de S.Exc. le duc de Berwick et d’Albe.

Salués par d’immenses acclamations, l’Empereur, l’impératrice et leur suite, montèrent le grand escalier d’honneur jusqu’au premier salon, où les femmes et les filles des membres du corps municipal les reçurent. Mesdemoiselles Haussmann offrirent des bouquets à l’impératrice et aux princesses qui l’accompagnaient. De là, leurs majestés passèrent dans la salle des Cariatides, remplie déjà par les ambassadeurs des souverains étrangers, par les dames du corps diplomatique, les ministres français, les maréchaux, les amiraux et leurs femmes.

L’Hôtel de Ville avait la même décoration que pour le dîner ; seulement, la grande galerie des Fêtes avait été transformée en salle de bal. Des trônes y avaient été préparés sur une estrade, pour l’empereur, pour l’impératrice et pour S.A.R. et I. la grande duchesse de Bade.

À droite et à gauche on avait réservé des sièges pour LL. AA. II. la princesse Mathilde et le prince Napoléon, pour S.A. grand-ducale la princesse Marie, duchesse d’Hamilton, et pour S.A.R. le prince Oscar de Suède et de Norvège, qui prirent place auprès de leurs majestés.

Derrière leurs majestés se tenaient Madame la princesse d’Essling, grande-maîtresse de la maison de l’Impératrice, madame la duchesse de Bassano, dame d’honneur, les dames du palais et les dames des princesses.
À droite de l’estrade on avait réservé des sièges pour les dames du Corps diplomatique et à gauche pour les femmes des ministres français et des grands dignitaires.

Tout l’espace qui sépare le lieu où leurs majestés étaient assises de la salle des Cariatides, avait été réservé pour le quadrille d’honneur. À droite et à gauche, la haie était formée par les membres du corps municipal, leurs femmes devant eux. Derrière, un espace avait été ménagé pour les membres du corps diplomatique, les ministres et les grands dignitaires, protégés contre l’empressement des autres invités par des maîtres de cérémonie assistés d’huissiers.
Le reste de l’immense galerie était plein d’une foule compacte.

Après avoir pris les ordres de l’Empereur, M. le Préfet de la Seine donna le signal à l’orchestre, et le quadrille d’honneur se forma. Il avait été disposé ainsi qu’il suit :
L’Empereur dansant avec Madame la baronne Haussmann, vis-à-vis de l’Impératrice dansant avec M. le Préfet de la Seine.
Le prince Oscar de Suède et la princesse Marie, vis-à-vis de Lord Cowley, Ambassadeur d’Angleterre, et de la princesse Lucien Murat.
Le baron de Hubner, Ambassadeur d’Autriche, et la comtesse Walewska, femme du ministre des Affaires étrangères, faisant face au Maréchal Magnan et à Madame Dabrin, femme d’un des maires de Paris.
M. Fould, Ministre d’État et de la Maison de l’Empereur, et Madame Perret, femme d’un des maires de Paris, vis-à-vis du comte de Morny, Président du Corps législatif, avec la princesse d’Essling, Grande-Maîtresse de la Maison de Sa Majesté l’Impératrice.
M. Le duc de Bassano, Grand Chambellan de l’Empereur, et Madame Delangle, femme du Président du Conseil municipal, en face du Général comte Regnaud de Saint-Jean d’Angély, Commandant de la Garde impériale, avec Madame l’Amirale Hamelin, femme du ministre de la Marine.
Le Duc d’Hamilton, Pair d’Angleterre, et la duchesse de Cambacérès, vis-à-vis du duc d’Albe, beau-frère de Sa Majesté l’Impératrice, et de la princesse Ladislas Czartoryska.

D’autres danses eurent lieu ensuite, et l’Empereur fit quelques tours de valse avec S.A. Grand-Ducale Madame la Princesse Marie, duchesse d’Hamilton.

Vers minuit, Leurs Majestés et leur suite se levèrent pour faire le tour des salons. Elles se reposèrent successivement dans le salon des Arcades et dans la salle du Trône, et assistèrent aux danses dans chacune de ces salles.

La foule avide de contempler les traits de leurs majestés se pressait de tous côtés et laissait à peine, malgré tous les efforts des maîtres de cérémonies de la ville, la place nécessaire à la danse.
Leurs majestés revinrent dans la galerie des fêtes et, après avoir assisté à de nouvelles danses, furent conduites, par la salle des cariatides et la salle du conseil, au salon de l’appartement réservé de l’empereur, où un buffet particulier leur avait été préparé.

Il était une heure quand la cour se retira. Rarement les souverains sortent aussi tard d’une fête publique ; mais leurs majestés avaient voulu sans doute témoigner ainsi d’une manière toute particulière leurs sympathies pour la population parisienne.

thomas 1816

 

 

 

1854

Bal à l'hotel de ville

 

Nouveau manuel complet de la danse ou traité théorique et pratique de cet art par Blasis, premier danseur du roi d’Angleterre. Nouvelle édition entièrement refondue et augmentée des danses de société par M. Lemaître, professeur de danse. Paris, 1866

Salut

L'art de s'arrêter avec grâce, de saluer, de se présenter et de se tenir en compagnie, sont des choses essentielles, et qu'il faut rendre aussi naturelles que possible pour l'élève.

Pour saluer convenablement, il faut observer les règles suivantes :

Quand vous marchez, arrêtez-vous de manière que le poids du corps puisse rester sur la jambe qui est en avant; faites alors mouvoir la jambe restée en arrière, de manière à prendre la quatrième position en avant, la troisième, puis la seconde. Étant à cette dernière position, portez le poids du corps sur la jambe qui vient de la former, et ramenez l'autre jambe à la première position, les talons placés l'un contre l'autre et les pointes tournées en dehors ; après avoir plié convenablement les genoux, inclinez naturellement le corps.

Que les bras tombent aisément et que votre tête s'incline sans affectation, car tout mouvement doit se faire d'un air aisé. Après avoir salué, redressez lentement le corps jusqu'à son aplomb perpendiculaire ; reprenez votre maintien ordinaire ; dégagez la jambe qui a été placée à la première position en arrière, en la changeant en quatrième position en avant, et portez le poids du corps sur cette jambe. Soit que vous vouliez recommencer à saluer ou à marcher, finissez toujours sur la jambe en avant. Ordinairement, et dans le monde où l'on n'exige pas une étiquette sévère, le salut se fait généralement à la troisième position, mais les pieds doivent toujours être tournés en dehors.
Les dames, pour exécuter gracieusement la révérence, s'inclinent après que le pied a pris la première position, afin de s'arrêter à la quatrième position en arrière, quand les genoux se plient et que la tête s'incline avec le corps pour achever le salut.

Après ces études préliminaires et leurs exercices, qui sont les bases de la danse et qui mettent sur la voie de la perfection pour tout ce qui s'y rapporte, le maître doit donner à son élève la connaissance du pas, de la mesure, des quadrilles, de la valse et de toutes les autres danses en usage dans la bonne compagnie.

Que le maître ne souffre pas que son élève se livre à l'étude des danses avant de s'être exercé quelque temps aux principes, car le bon ou le mauvais succès dépend entièrement des premières leçons et de l'observation assidue des règles fondamentales. Il faut avoir un soin continuel de ne pas oublier la ligne de démarcation qui existe entre la danse théâtrale et la danse de société.

Il serait inconvenant, dans un bal, d'exécuter des pas savants et des entrechats d'élévation, parce qu'alors chacun de ces pas serait hors de place, que chaque circonstance en ferait ressortir la prétention déplacée, et conséquemment que l'effet en serait complètement ridicule.

thomas 1816

 

 

 

 

1858

 

 

thomas 1816

 

 

 

 

1860

 

 

Maintien

La danse de société exige des pas terre à terre et les attitudes les plus simples et les plus naturelles possibles. Les dames doivent danser avec une tenue aimable et gracieuse.
Les cavaliers doivent s'occuper constamment de leurs danseuses et tous doivent se mouvoir dans l'ensemble le plus parfait de pas et d'attitude. Il faut également prêter la plus grande attention à la musique, et montrer qu'on en comprend toute l'expression et toute l'harmonie.

On doit tenir les bras légèrement arqués et les laisser tomber naturellement le long du corps.

Quant à la position des jointures et aux inflexions du corps, il sera nécessaire que l'élève se soumette aux mêmes exercices que le danseur de théâtre, afin de donner à sa danse un effet agréable.

Nous observerons ici que, même les amateurs, soit au moment de commencer une danse, soit à fin de leurs pas et enchaînements, doivent toujours être à la cinquième et non à la troisième position, comme la plupart des professeurs de danse de société le prétendent.

Plus les pieds sont croisés, plus le départ est vif et la danse mesurée : c'est une conséquence naturelle, et que l'on ne peut obtenir que des élèves que l'on n'a pas habitués à se croiser en troisième position.
En outre, cette méthode aide les artistes à pirouetter, et leur donne les moyens d'acquérir cette agréable qualité qui consiste à tourner avec aisance ; celui qui n'a pas les pieds tournés en dehors perd toute la beauté de ses pas.

Quant aux mouvements du corps, ils sont presque les mêmes que ceux des danseurs de théâtre, avec cette seule différence, qu'ils doivent leur donner moins d'ampleur, d'élévation, d'élan, en un mot, les adapter à la danse d'un salon.
Les jambes doivent s'élever au-dessus de terre, mais très-peu, suivant la seconde position; les cavaliers, cependant, peuvent les élever un peu plus ; le style particulier de leur danse étant plus nerveux et moins restreint admettra des pas plus élevés.

Il n'est pas nécessaire que les bras et le buste soient en mouvement ; ils doivent plutôt, au contraire, demeurer dans un repos gracieux.

Maintenez la tête droite et le menton un peu élevé ; inclinez la tête gracieusement, suivant le mouvement du corps et des bras.

Que votre contenance exprime l'enjouement et la gaîté, et qu'un sourire agréable erre souvent sur vos lèvres.
Tenez les épaules effacées, la poitrine en avant, la ceinture rentrée et les reins fermes et bien soutenus ; que le haut du corps soit un peu penché en avant, car cela donne de la grâce aux attitudes; que les épaules se meuvent avec élégance et naturel ; que vos coudes s'arrondissent sans jamais se placer à angles droits ; que vos doigts se groupent de manière à répondre au contour des bras.

Les bras servent d'ornement au corps, et doivent en suivre les mouvements avec une élégance aisée. Que le corps se penche, pour ainsi dire, sur les hanches, et que ces dernières se balancent elles-mêmes pour faciliter le mouvement des jambes.

Tournez les genoux en dehors ; que le pli en soit liant, et pliez-les bien ; vous aiderez ainsi tous les mouvements de la mesure et des pas. Que les pieds soient constamment maintenus en dehors, et que le coude-pied acquière en même temps un certain degré de souplesse et de force.

De cette façon, l'on a plus de facilité pour courber les pieds en s'élevant sur les pointes et pour les changements de jambe. Les pointes doivent s'appuyer sur le parquet et aider à marquer les pas et la mesure. Enfin, que les pas s'enchaînent bien l'un à l'autre et soient tous exécutés avec une élégance facile et une grâce assurée.

thomas 1816

 

 

 

 

1861

 

 

thomas 1816

 

 

 

 

1864

 

 

Le quadrille français ou contredanse.

Autrefois, lorsque la danse de société était un art, la grâce, bien qu'indispensable, ne suffisait pas pour faire un danseur parfait.

Chaque figure avait un pas différent dont la difficulté était réelle pour quelques personnes. Maintenant, une série de glissés en avant et en arrière, voici les seuls pas que l'on emploie dans le quadrille, ce qui rend notre tâche trop facile, puisque nous n'avons plus qu'à décrire les figures, le pas étant le même pour toutes.

Le quadrille se compose de cinq figures: le pantalon, l'été, la poule, la pastourelle, et la finale.

Pour former un quadrille, chaque cavalier va inviter une dame et retient un autre cavalier, qui a été faire une invitation semblable, pour lui faire vis-à-vis. Ces invitations doivent être faites avant que le signal soit donné pour se mettre en place.

Les quadrilles ne peuvent être formés à moins de deux ou de quatre couples, mais ils se composent d'autant de personnes que le salon ou la pièce dans laquelle on danse peut en contenir.

Si le salon est carré, les couples se forment sur les deux faces et dansent deux fois alternativement la figure. Si, au contraire, la pièce est longue, les couples se placent en ligne sur la longueur ; alors, les mêmes personnes dansent quatre fois la même figure, s'il n'est pas convenu que l'orchestre jouera deux fois seulement la figure au lieu de quatre fois.

Les dames se placent à droite des cavaliers.

thomas 1816

 

 

 

 

1867

 

 

Mme Carette, née Bouvet, Souvenirs intimes de la cour des Tuileries (3 vol.) Paris, 1889-1891

Bals aux Tuileries
Depuis le mois de janvier jusqu’au carême, il y avait quatre grands bals officiels, pour lesquels on faisait de quatre à cinq mille invitations.

Les hommes devaient être en uniforme ou en habit de cour.

La foule des invités s’amassait dans le salon de la Paix, attendant le moment de pénétrer dans la salle des maréchaux, dont les portes étaient restées fermées jusqu’à ce que leurs majestés fissent leur entrée.

L’empereur et l’impératrice, en quittant leurs appartements, se rendaient d’abord dans le salon du Premier Consul, où les attendaient la famille impériale, les dames et les officiers de leurs maisons, le corps diplomatique, les ministres et les grands dignitaires.

Puis leurs majestés, précédées des chambellans, suivies des princes et princesses, du corps diplomatique, des grands dignitaires et de toute la cour faisaient leur entrée dans la salle des Maréchaux, où l’on annonçait à haute voix : « l’Empereur ».

Plusieurs rangées de gradins sur lesquels les femmes étaient assises, entouraient cette salle de proportions immenses. Au milieu, sur une estrade peu élevée, se trouvaient deux grands fauteuils semblables et d’autres sièges. L’empereur et l’impératrice y prenaient place, entourés des membres de la famille impériale et des personnes ayant un rang à la cour.
Des places étaient réservées aux grands dignitaires, au corps diplomatique, aux femmes dont les maris faisaient partie de la maison de leurs majestés. Dans les dernières années de l’Empire, on avait supprimé le quadrille officiel. Dès que l’empereur et l’impératrice étaient assis, les danses commençaient.

L’orchestre invisible était placé dans une tribune au premier étage et, bientôt, l’espace vide au milieu de cette immense salle se remplissait d’hommes désireux de voir de près les souverains. Les chambellans avaient souvent grand’peine à maintenir le cercle réservé à la danse, qui allait toujours se rétrécissant, sous la pression de ce nombre considérable de personnes.

Toutes les femmes de la cour étaient très parées.

À l’exception de quelques hommes qui profitaient des privilèges attachés à leurs fonctions, pour être agréable à beaucoup de jolies dames, les grands bals des Tuileries n’étaient pas, en général, les fêtes préférées de la cour, quoique ce fût un des plus beaux coups d’œil mondain qu’il fut possible de voir.

À onze heures, leurs majestés, précédées des chambellans qui leur frayaient un passage au milieu d’une foule compacte, passaient dans la galerie de la Paix, où il y avait un second orchestre et où l’on dansait également. On y restait un moment, puis, après avoir fait le tour de cette galerie qui avait bien quarante mètres de long, en saluant tous leurs invités, l’empereur et l’impératrice revenaient dans la salle des maréchaux et rentraient dans les autres salons. On se rendait dans la galerie de Diane où était dressé un magnifique buffet, hospitalièrement approvisionné de tout ce qu’il faut pour un souper debout.

Vers minuit et demi, généralement, leurs majestés se retiraient, et la fête continuait jusqu’à trois et quatre heures du matin, sous les hospices des officiers de service qui faisaient fort galamment les honneurs. Ces grands bals étaient un bien magnifique spectacle, lorsqu’on pénétrait en observateur dans les galeries qui entouraient à mi hauteur la salle des Maréchaux.

À l’époque du carnaval, on donnait généralement un bal costumé ; les invitations y étaient plus restreintes qu’aux grands bals et ne comprenaient que les personnes présentées.

Ce que l’on appelait les petits lundis de l’impératrice était les plus jolis bals que l’on puisse voir. Ils se donnaient dans les appartements particuliers de l’impératrice, avec les danses installées dans les salons du Premier Consul et d’Apollon.
Il n’y avait guère que cinq ou six cents invitations. L’animation, l’élégance de ces réunions en faisaient les fêtes les plus recherchées de Paris.


thomas 1816

 

 

 

 

1856

 

 



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